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Holà ! Holà !

Ce matin, je me disais « Pourquoi ne pas leur présenter une deuxième histoire issue de mon tout premier voyage en Inde ? » Alors, la dernière fois, j’ai raconté le fameux voyage qui m’a amenée jusqu’à ma destination : Vipassana. Un périple qui n’a pas été de tout repos et qui m’a demandé beaucoup de lâcher-prise et de confiance.

Pour poursuivre, voici maintenant le moment de quitter le centre de Vipassana, où je venais de méditer cent heures en dix jours.

Dire que l’autre histoire était déjà assez intense, eh bien celle-ci, à mon avis, est digne d’un film ! 😉 Encore aujourd’hui, en relisant cet article, je me demande si j’ai réellement vécu tout ceci. La réponse est « oui », je l’ai réellement vécu !

C’est une des raisons pour lesquelles j’aime voyager. Tant de surprises peuvent émerger ! Au bout du compte, ce sont toutes, sans exception, des histoires d’apprentissage. En espérant que cet extrait vous plaira et sèmera une petite étincelle de bonheur dans votre journée.

N’hésitez pas à suivre mon blogue de la Globetrotteuse pour avoir des histoires comme celle-ci, mais à partir d’où je me trouve sur la planète. Au moment où je publie cet article, je visite l’Angleterre. Je serai bientôt en Espagne pour ensuite me rendre en France, en Suisse et en Belgique.

Au moment où vous lirez cet article, peut-être serai-je à Hawaï, aux Philippines, en Arizona ou en Irlande !

Hi ! Hi ! 😉

Je vous avise tout de suite : c’est assez long ! Mais il était hors de question de couper l’histoire en deux. Bonne lecture !

Le jour du départ :
de Vipassana au nord de l’Inde

J ́entends dire par des moniteurs du centre qu’aujourd’hui, aucun train ne se rend à Cochin. Mais… c’est ma destination, ça ! Alors, j’angoisse un peu. Je me dirige vers une préposée et lui demande si elle peut m’aider dans mon itinéraire pour me rendre d’ici à l’aéroport de Cochin. Elle me demande à quelle heure je dois y être. Je lui annonce l’heure de mon vol : « 15 heures, madame. »

Elle me répond :

‒ Tu n’auras jamais le temps de te rendre, à moins que ne tu partes tout de suite.

‒ O.K., je veux bien partir tout de suite, mais avec qui et comment ?

Je sens qu’une nouvelle aventure commence. Mon cœur se met à palpiter, mais je sais qu’une force m’habite. Comme si je m’attendais à voir cette route parsemée de péripéties. Mais tout ira bien; ça va toujours bien quand on a confiance. À ce moment, la dame me montre l’auto d’un couple et me dit : « GO, MONTE ! » J’ai à peine le temps de récupérer mon sac à dos et de dire un gros « bye » à ma sœur de voyage. Contre toute attente, je pars avec deux personnes que je ne connais pas du tout.

La femme dans la voiture vient de terminer l’aventure VIPASSANA avec moi, et son amoureux est venu la chercher. Je peux avoir confiance, mais c’est quand même un drôle de scénario. Dans l’auto, nous échafaudons des plans sur la façon dont je me rendrai à ce fameux aéroport, le trajet d’autobus s’avérant trop long et le train étant susceptible de ne pas partir. Ils me proposent un taxi. Sauf que trois heures de route en taxi, ça coûte beaucoup de roupies ! La frousse me gagne; mon budget ne me permet pas vraiment cette folie. Donc, le couple, qui allait se marier très bientôt, me suggère d’essayer l’autobus. Du moins, disent-ils, « Arrêtons voir si c’est possible ». La seule chose que je trouve étrange, c’est que nous n’arrêtons pas dans une gare d’autobus. Nous stoppons plutôt sur le bord de la route. Là, un monsieur semble attendre lui aussi l’autobus. Lorsque mon compagnon de route lui demande où il va, il répond tout bonnement : « À la gare de train, pour me rendre à mon travail, qui est à Cochin. » Non mais, c’est aussi ma destination! Je lui annonce que je dois être à l’aéroport pour une heure précise. Sa réplique est claire : « De toute évidence, tu dois prendre le train, sinon tu rateras ton avion. »

Suite à cette conversation, le monsieur à la mallette monte dans la voiture pour nous accompagner à la gare. Comme c’est étrange : les gens du centre Vipassana semblaient dire qu’aucun train ne fonctionnait, aujourd’hui. En tout cas, il semble bien que ce soit le contraire ! Pour ajouter à ma chance d’être en sécurité et prise en charge, le chauffeur, en bon samaritain, paye mon billet et me salue. Tel un coup de vent qui aurait contribué à me conduire à la bonne destination ! Bien entendu, ces amoureux repartent ensuite pour célébrer leurs retrouvailles et organiser leur beau mariage. C’était fantastique de les voir ! Le tout s’est passé tellement vite que j’ai à peine eu le temps de dire merci et au revoir !

Je me retrouve donc en compagnie de ce monsieur bien vêtu à la mallette noire. Lui aussi semble vouloir s’occuper de moi. Nous attendons ensemble le train, qui sera là dans dix minutes. Imaginez, nous sommes seulement dix minutes à l’avance ! Heureusement que j’ai tout de suite demandé de l’aide, ce matin. Autrement, je n’aurais certes pas pu compter sur la collaboration des futurs mariés et nous n’aurions pas croisé cet homme d’affaires. J’aurais sûrement été en retard et j’aurais manqué mon avion. Cette vague de chance qui m’accompagne, je la sens vraiment m’inonder.

C’est drôle, une gare indienne. Vraiment rien à voir avec les nôtres. Indiens, Indiennes, enfants de familles aisées : tous attendent le train. Certains lisent le journal ou jouent avec des cailloux, d’autres semblent attendre tranquillement le train, sans vivre d’agitation. C’est beau de voir combien les gens sont zen, ici. Le train se pointe enfin, mais légèrement en retard. Mon cher compagnon de voyage m’explique que je devrai faire vite lorsqu’il arrivera, car le train ne s’arrête pas. Non, il ne fait que ralentir…

‒ Quoi ? Il fait juste ralentir ?

‒ Oui ! Le train ralentit beaucoup, mais tu dois t’y agripper.

Je n’en reviens pas de ce film d’aventure ! L’Inde continue de me surprendre et le stress se manifeste, même si l’homme à la mallette semble vraiment tout faire pour que je grimpe à bord. Comme prévu, le train arrive et ralentit, pendant que nous courons à côté. J’étire un bras pour m’y accrocher, puis une jambe pour rejoindre un escalier. C’est fou ! Tout le monde court après le train ! C’est vraiment un moment inoubliable ! « Vite ! Vite ! Embarque ! », me crie l’homme, en me poussant juste assez pour que je foule le plancher du train et me retrouve à l’intérieur.

Habitué à ce petit rituel, l’homme réussit à monter tout juste derrière moi. La prochaine étape consiste à trouver une place; il y a des gens partout, mais encore une fois, je n’y vois aucun voyageur, ce qui est toujours aussi bizarre ! Chaque fois que je me déplace, je remarque peu de touristes. Une petite place m’appelle. Je m’y assieds et admire tout ce qui m’entoure. Autour de moi, les regards me scrutent, me dévisagent. Dans ce pays, je suis l’intruse, ce qui me fait comprendre comment une personne d’une autre nationalité peut se sentir parmi les Blancs.

Chemin faisant, je récite une forme de prière intérieure afin que la vie continue de m’accompagner jusqu’à ma destination. Plusieurs heures de route séparent le Kerala de l’Himalaya. Comment se fait-il que j’aie choisi cette destination ? Je revois les signes que j’ai reçus à Tiruvanamalai : mon rêve, dans lequel mon auto saute d’une falaise à l’autre pour atteindre l’Himalaya, les récits inspirants de Fayaze au sujet du dalaï-lama, la bouteille d’eau et le bout de papier portant l’inscription Himalaya. Je dois y aller, mais qu’est-ce qui m’attend ? Je ne sais pas. C’est ça, la beauté du voyage. Un pas à la fois, un train à la fois, je découvre.

Deux heures plus tard et deux stations avant ma destination, l’homme d’affaires doit descendre. Il désire tellement que je sorte à la bonne place qu’il cherche des voyageurs descendant au même endroit que moi. Une femme se manifeste. Mon ange gardien s’assure qu’elle comprenne bien que c’est là que je dois sortir aussi. Pendant qu’il me souhaite bon voyage, je le remercie d’un large sourire.

Étape 2

J’y suis. Devant, une autre étape m’attend. Les petits rickshaws fourmillent et les chauffeurs nous crient « Come in, come in ! Where do you want to go ? » C’est vraiment curieux, cette façon d’approcher les gens et de vendre ses services. On nous laisse à peine le temps de descendre du train avant de nous solliciter. Au fond, ils ne sont pas méchants, mais plutôt absorbés par l’idée de gagner des sous, et ils font tout pour y arriver. Je me tourne une fois de plus vers l’homme le plus calme et négocie le trajet pour me rendre à l’aéroport.

Tout va bien, jusqu’au moment où j’arrive au guichet avec mon nouveau numéro de billet, celui obtenu par Carly. Derrière la vitre, l’homme ne semble pas comprendre mes informations. Il ne trouve pas. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Je me sens étourdie, comme hier soir. Ce n’est vraiment pas le temps de m’effondrer sur le plancher. Janic ressaisis-toi un peu ! Tu ne peux pas t’écrouler, fais une femme de toi ! Tu es capable, respire ! C’est fou à quel point un rien peut vraiment me bousculer, m’angoisser ! Je ne peux pas croire que moi, Janic Losier, je voyage ainsi sur les terres indiennes à des milliers de kilomètres du Canada, au-delà des océans.

Avec mon passeport et mon ancien numéro de billet, nous retraçons le nouveau ticket. Fiou ! Je prends mon sac à dos pour passer à la prochaine étape. Avant de me rendre de l’autre côté, la sécurité m’attend. Je n’ai rien fait de mal, mais l’idée de traverser cette zone austère me stresse. Je n’aime pas le « feeling ». De plus, je réalise que c’est la première fois que je prends l’avion seule. Où dois-je laisser mes bagages ? Comment tout cela fonctionne ? Des instincts de survie s’éveillent en moi quand une telle situation se présente pour la première fois et m’incite rapidement à la débrouillardise. À un jeune et bel Indien qui sourit, je demande à quel endroit laisser mes bagages. Doucement, il m’indique la direction. Vraiment mignon, lui ! Que voulez-vous, j’éprouve un petit faible pour les hommes foncés aux beaux yeux bruns.

On procède à l’enregistrement de mes bagages; tout se passe bien. Je traverse ensuite les douanes, un autre endroit inquiétant. Par moments, j’ai l’impression que le « système » va me coincer pour un délit que je n’ai point commis. Le pire, c’est qu’un agent m’a fouillée, faisant monter mon niveau de stress. De plus, j’avais sur moi de la poudre blanche provenant de l’ashram de Sai Baba! C’est vraiment louche, comme affaire ! Voilà que mon imagination s’emballe ! Mais elle n’a pas eu le temps de se manifester bien longtemps, car on m’a vite redonné mes affaires. Fiou !

L’aéroport nous reçoit avec de gros bancs moelleux. Je m’assieds et prends plusieurs respirations en revoyant toutes les étapes qui m’ont conduite ici :

  1. Monter vite dans la voiture pour ne pas rater l’avion.
  2. Arrêter sur le bord de l’autoroute et faire monter le monsieur à la mallette.
  3. M’accrocher au train.
  4. Trouver le bon billet d’avion.
  5. Faire l’enregistrement de mes bagages pour une première fois.

 

Bref, voyager, c’est du sport extrême !

Tout à coup, je me rends bien compte que j’arriverai à New Delhi. Mais ne parle-t-on pas ici de la plus grande ville de l’Inde? Comment me rendrai-je à la gare d’autobus ? Une petite voix intérieure me rassure : « Janic, ne t’inquiète pas, tu pourras demander comment faire à la personne assise à côté de toi dans l’avion. » Mais, dans l’éventualité où cette personne ne saurait pas, que vais-je faire ? La panique grimpe et grimpe. Je tente de respirer : « Janic, tout s’est bien passé jusqu’à présent et ça va continuer. Tu sais, il faut garder tes énergies positives si tu veux attirer les bonnes situations dans ton voyage. »

Étape 3

Je trouve enfin mon siège. Au moment de partir, je constate que personne n’occupe le banc voisin. PERSONNE à mes côtés ! P-E-R-S-O-N-N-E ! Comment obtiendrai-je l’indication ? Je continue de m’en faire jusqu’au moment où j’entends une voix nous décrire les règles et fonctionnements de l’avion. On nous avise que nous allons bel et bien à New Delhi, après une escale à Indore. Je sens les muscles de mon dos se relâcher. La personne qui voyagera en ma compagnie montera sûrement lors de cette escale.

Comme prévu, un avocat indien s’assied à côté de moi pour la durée du vol jusqu’à New Delhi. Mon scénario s’est avéré juste. Avant d’entamer une discussion avec le voisin, mon petit moment de dialogue intérieur ressemble à ceci :

‒ Janic, te rends-tu compte à quel point tu peux mettre ta vie en danger ?

‒ Je ne suis pas en danger tant que ça. Je suis la « voix » de mon cœur. N’est-ce pas le but du voyage, savoir que je suis toujours accompagnée, partout où je vais ?

‒ Je sais bien, mais tu aurais quand même pu prévoir un minimum de choses.

‒ Non, le voyage n’aurait pas été pareil.

‒ Je peux bien comprendre, mais tu vas à Montréal parfois, et tu paniques. Et là, tu débarqueras dans une ville dix fois grosse comme Montréal sans savoir comment te rendre du point A au point B ?

De toute évidence, je commence à douter de moi. Je me recentre donc pour ramener cette précieuse confiance et m’en remets à la loi du prochain petit pas. Il me suffit de discuter un peu avec cet Indien pour connaître la prochaine étape.

J’apprends qu’il voyage souvent en avion, car il travaille à Indore et sa femme est à New Delhi. Après avoir écouté mon aventure, il se montre découragé. Une jeune femme comme moi qui voyage ainsi, seule en Inde ? Mais bon, il faut admettre que tout s’est bien passé jusqu’à maintenant. Donc, je ne vois pas pourquoi ça irait mal. L’homme m’indique que de l’aéroport, je dois prendre un taxi, mais pas un de ceux stationnés devant l’entrée. On me ferait payer 2000 roupies, quand en réalité, 450 suffisent. Je dois ensuite me rendre au bureau des transports, qui sera sur la droite, pour prendre un « easy cab – MERRU Cab ». Ensuite, j’irai à ISBT-Unitee State Bus Terminal. De sa main d’avocat, il inscrit toutes les étapes dans mon journal.

Il est impossible que je m’égare. Maintenant, je connais le chemin. La vie est encore là pour me guider. Elle ne me lâche pas lorsque je reste zen et à l’écoute. Puis, vient le temps de récupérer nos valises. La voyageuse néophyte en moi se manifeste en pensant « Mais où sont tes bagages ? Est-ce inscrit sur le billet ? » Il me vient à l’esprit que tout le monde, dans l’aéroport, doit bien aller chercher ses bagages au même endroit. Inutile de stresser plus longuement.

Cependant, on dirait qu’ils se ressemblent tous, ces Indiens. Or, il devient peut-être plus sécuritaire de suivre des yeux cette femme à l’habit vert fluo. C’est exactement ce que je fais. Instinct de voyageuse non expérimentée qui trouve toujours une solution ! Je deviens de plus en plus à l’aise à me balader parmi tous ces gens. Je me sens vraiment chez moi. Je prends mon sac à dos et suis à la lettre les indications de mon compagnon d’avion. Je le salue et lui dis un grand merci !

Étape 4

J’achète mon billet de taxi et y grimpe pour me rendre à la station d’autobus. Douze heures de route me séparent du fameux temple du dalaï-lama. À la gare, je me retrouve aux prises avec le fameux chaos de l’Inde. Ça bouge vite ici, on parle d’une gare immense, d’une flotte d’autobus impressionnante. Vais-je me retrouver? C’est tellement une grande ville ! J’aperçois même l’enseigne de McDonald’s. C’est curieux, pour une fois, je suis heureuse de voir cet immense « M » jaune. Il y a un peu de chez moi. Pourtant, tout bouge : la musique, les gens, les mendiants, les petits marchands qui crient constamment pour vendre leur attirail. Selon le chauffeur de taxi, je dois prendre l’autobus numéro 8. Facile, jusqu’au moment où je me rends compte que les chiffres indiens, je ne les reconnais pas. À mes yeux, leurs chiffres représentent davantage des œuvres d’art. Ça peut ressembler à quoi, un 8 indien ? Aucune espèce d’idée ! Je prends l’initiative de demander ma route à deux hommes. À la façon dont ils me répondent, je ne ressens pas un bon « feeling ». Un peu comme s’ils voulaient se moquer de moi, tout en m’attirant vers une autre direction.

C’est ça, écouter son cœur à travers la vie. J’aurais pu me fier à leur parole, mais une petite voix me disait : « NON, demande à quelqu’un d’autre. » Cependant, comme si mon front affichait « Aidez-moi, je suis perdue », un homme à la mallette passe à toute vitesse et demande s’il peut m’être utile. J’acquiesce et l’informe que je désire me rendre au temple du dalaï-lama, dans les Himalaya. De ma destination, c’est tout ce que je sais… Même le nom de la ville m’est inconnu ! Une fois de plus, une façon très étrange de voyager, mais bon ! L’homme semble vraiment connaître la route. Il me demande de le suivre. J’obéis, car la confiance m’accompagne. Nous déambulons à travers la gare : droite, gauche, droite, droite, pour enfin arriver devant l’affiche numéro 8 ! Les gens se bousculent pour récupérer leur billet. Ils poussent, comme si l’autobus allait partir sans eux. Pour faire comme eux, l’énergie me manque. Toutefois, l’homme à la mallette se place dans la file et se met à presser la foule aussi. Il achète le dernier billet et me l’offre. Touchée, je lui remets l’argent. Comme mon guide sur la montagne, aussi vite il est arrivé, aussi vite il repart. Vraiment étrange ! Comme si un ange indien à mallette était passé sur ma route. J’essaie cependant de ne pas trop me poser de questions. La vie parsème ma route de surprises.

Plus que dix minutes et cet autobus de nuit démarre. Le synchronisme vécu au fil de mon périple me renverse; je me considère chanceuse. Je m’installe à l’avant de l’autobus, entre deux personnes. J’y passerai douze heures. Ce sera long ! En plus, les bancs sont raides et peu confortables, ce qui ne ressemble pas à nos autocars canadiens, croyez-moi ! J’admets que le véhicule dégage toutefois un certain charme. Je tente de dormir ici et là, mais impossible de placer mon corps et ma tête adéquatement.

Plus nous avançons, plus nous ressentons l’éloignement de New Delhi. Au cœur de la nuit, l’autobus arrête sur le bord de la route. Dans un petit resto-dépanneur ‒ au fait, c’est plutôt une planche de bois surmontée d’un petit toit ‒ où se trouvent quelques sacs de croustilles indiennes épicées et une grosse marmite pour le Tchai. J’ai le bonheur de faire la connaissance des membres d’une famille indienne qui voyagent ensemble. Leurs yeux brillent; ils sont tellement beaux à voir ! Ils m’accueillent dans leur petit cercle familial avec grand plaisir. Je prends dans mes bras leur petite dernière, qui doit avoir cinq ou six mois. Elle a des yeux magnifiques, un sourire resplendissant. J’en profite pour m’imprégner de cette douceur que dégage l’enfant pure. Je prends conscience que je me retrouve à bord d’un autobus rempli à craquer d’Indiens, mais toujours aucun touriste étranger.

Je me sens en totale confiance. Nous regagnons nos places pour rependre la route et je finis par m’endormir sur une chanson que j’écoute en boucle, celle de mon amie Mona. Elle fait partie intégrante de toutes les transitions importantes de mon voyage. Cette musique permet de m’accrocher à un espace de douceur quand je suis trop en panique. Je danse avec les notes de Jean-Yves et Mona. Mona a vrai- ment une voix qui transporte, accompagne et fait voyager. J’avoue que mon journal et ma musique sont mes meilleurs amis lors de ce voyage. J’adore écouter de la musique. C’est bon pour moi !

Contre toute attente, je dors longtemps. À mon réveil, il fait jour et j’ai le cou tendu. Je vois les montagnes au loin. Ça me fait du bien. Je reprends vie au contact du paysage inspirant. J’arriverai bientôt à ma prochaine destination. Encore une fois, j’ai réussi à passer du point A au point B sans trop de dommages.

Étape 5

À Dharamsala, je demande au chauffeur si je suis bien au temple du dalaï-lama. L’homme me signale que j’y suis presque. À ce point des montagnes, on ne voyage plus en autobus pour franchir le dernier bout de chemin. La jeep demeure le seul moyen de s’y rendre. Je n’avais pas encore eu la chance d’essayer ce véhicule, alors pourquoi pas ? Je grimpe donc dans la jeep pour atteindre, vingt minutes plus tard, le village de McLeod Ganj.

Devant moi, des soldats et des fusils. Je suis bouche bée. Où suis-je ? Y a-t-il en cours une guerre dont j’ignore l’existence ? Peut-être. Le rythme de mon cœur s’accélère, car je n’aime pas du tout ce que je vois. Pourtant, les soldats se baladent et semblent peu préoccupés. Je balaye l’horizon du regard. Sur ma droite, accroché à un arbre, j’aperçois le portrait de SAI BABA ! Encore lui ? Hé oui ! En plus, il me fait un signe de la main. C’est comme un symbole, pour me rassurer, me confirmer que je suis à la bonne place. Sai Baba m’attend ici ? Je fabule peut-être, je ne sais pas trop, mais en même temps, il me fait toujours sourire autant avec sa touffe de cheveux, son immense afro des années 60 !

Alors, ça y est ! Je suis arrivée, une fois de plus saine et sauve. J’ai traversé l’Inde presque d’un bout à l’autre et tout a coulé facilement, encore une fois. Maintenant, où vais-je dormir ? Je ne compte toujours sur aucun guide de voyage. Cependant, comme il est très tôt le matin, j’aurai le temps de me balader dans les rues pour dénicher un hôtel. Après une route aussi chaotique, ma vessie se manifeste. Il est grand temps que je m’en occupe…. Je me dirige donc à l’endroit approprié. Étrangement, ici, on demande des roupies, mais ça respire la propreté. Après une longue route comme celle-là, il est encourageant de retrouver des lieux d’aisance agréables. Le jeune homme responsable de cet endroit est fort sympathique, quoique très curieux de savoir d’où je viens. « De quel pays ? » demande-t-il. Dès que je mentionne le Canada, c’est le grand sourire. Les Indiens adorent les Canadiens ! Nous sommes vraiment chanceux d’habiter un pays comme le nôtre. Je me rends compte que les gens ont une belle image de nous et c’est agréable.

Donc, le jeune homme à la chemise rayée me demande :

‒ Où dormirez-vous ?

‒ Je ne sais pas encore, je viens tout juste d’arriver. Je vais aller me balader et je trouverai.

‒ Tu aimes les familles ?

‒ Pourquoi cette question ?

‒ Parce que je connais une petite famille super sympathique, dans le village tout près. Ces gens ont deux jeunes ados et possèdent un gîte, pas trop cher. Tu aimerais que je t’y amène ? C’est 125 roupies pour la nuit et les repas.

‒ J’avoue qu’à ce prix-là, ce n’est vraiment pas cher !

Dois-je lui faire confiance ? Pour le savoir, je le regarde dans les yeux. On dit qu’ils sont le miroir de l’âme. Je me connecte à mon cœur, qui me fait signe que oui ! Janic, tu peux faire confiance et tu vas adorer cet endroit. Donc, il m’y conduit. Nous empruntons un sentier aux abords duquel les arbres sont magnifiques, les fleurs rouges abondent et l’air est pur. Ce décor est tellement différent de tout ce que j’ai vu jusqu’à présent en Inde ! Le jeune Indien transporte même mon sac à dos. Ils ont le don d’être au service des Canadiennes ! Nous prenons le temps de faire connaissance et marchons tranquillement vers le hameau, qui se nomme Bhagsu. C’est vraiment un beau village. Ma foi, rien à voir avec la grande ville de New Delhi ! J’adore, je sens que je vais m’y plaire. Combien de temps resterai-je ? Bonne question ! Ma seule date limite de retour est bien le 12 avril, pour rejoindre Fayaze et récupérer tous les articles achetés. D’ailleurs, j’espère qu’il y sera ! En tout cas, il m’a laissé son téléphone cellulaire. Je suis sûre qu’il viendra. Bon, je reviens au moment présent. C’est vraiment de toute beauté ! Nous franchissons une dernière petite butte et tournons à gauche. Il me présente la famille.

Une petite maison, bien coquette, simple, mais vraiment propre. La maman ne parle pas du tout anglais, mais le jeune de la famille se débrouille très bien. Je me lie donc d’amitié avec lui très rapidement. Il devient un peu comme mon petit frère de voyage. Question de voir si l’endroit me charme, ils me font visiter. C’est simplement parfait ! Il y a une grande chambre avec deux lits collés, un mur rose et surtout une grosse « doudou » bien chaude. En montagne, les nuits sont beaucoup plus fraîches que dans le sud de l’Inde. Un peu fatiguée de toute cette route, j’accepte avec joie de m’arrêter et de vivre ici pour quelques jours, voire quelques semaines. Je signale à mes hôtes mon besoin de sommeil. Nous nous retrouverons un peu plus tard. À mon grand désarroi, cette contrée abrite une espèce de méga araignée et, comble de malheur, un spécimen m’attend dans ma chambre. Je cherche Bheru, le jeune homme, mais il a quitté. Que faire en mode panique araignée ? J’ouvre la porte pour dénicher un objet, une arme quelconque. Pendant ce temps, je garde un œil sur l’araignée, afin de bien la repérer. J’avance un peu, puis je reviens. Je valse entre le corridor et la chambre : une bien drôle de danse ! Je finis par trouver un porte-poussière. Allez ! Je confine l’araignée dans le coin et l’écrase vigoureusement. Quelles longues pattes ! Hiiiiii ! Dégueulasse ! Je sais, je sais…. c’est cruel, mais elle était immense et repoussante. Jamais je ne serais arrivée à dormir, sachant qu’elle était là, tout près de moi. Donc, j’ai commis un crime, mais je m’assume. Désolée, jamais je n’ai demandé à cohabiter avec une voisine aux longues pattes velues !

Je laisse couler l’eau de la douche, afin qu’elle soit chaude. Au son de la musique de mon duo préféré, je m’installe ensuite sous les couvertures pour faire un petit somme.

Trois heures plus tard, je me réveille et rejoins la famille pour un premier repas. Ces gens sont simples et sympathiques. La sœur de Bheru m’accueille à son tour. Elle parle un peu anglais. La maman de la famille cuisine vraiment très bien, en plus d’avoir un magnifique sourire. Ici, tout est vraiment étincelant de propreté, au point de pouvoir manger sur le plancher. C’est inspirant. Je me sens vraiment bien parmi cette petite communauté. M’imprégner de la culture d’ici me permet de goûter aux vraies saveurs de l’endroit.

J’aimerais aider la maman à faire la vaisselle, mais avec tous les signes qu’elle me fait, je comprends très bien que c’est mission impossible. Je paye pour habiter ici, et elle me sert. Pas question que j’aide. « Maman, désolée, mais cette fois, je ne pourrai pas aider la personne à faire la vaisselle, comme tu m’as enseigné. »

Je profite de l’après-midi pour aller dans un petit café Internet et appeler mes parents. Il y a bientôt deux semaines que je n’ai pas donné signe de vie. Certes, ils étaient au courant de mon séjour à VIPASSANA, mais il s’en est passé des pirouettes depuis ce moment-là !

Ils répondent. C’est vraiment parfait ! Je suis contente d’entendre ma mère au téléphone. Je lui raconte comment j’ai pu trouver ce bel endroit, comment ça sent bon et à quel point c’est magnifique, le Nord. Je lui épargne tous les véhicules et moyens de transport que j’ai dû emprunter pour arriver jusqu’ici. Elle le saura à mon retour. Inutile d’inquiéter mes parents avec tout ça ! Je suis là et tout va bien ! Alors, nous parlons de belles choses et en ce qui a trait aux péripéties, je leur raconterai dès que je serai au Canada.

C’est drôle combien je me sens grandir, gagner en assurance. Les voyages transforment vraiment. J’en profite aussi pour trier mes courriels et donner de mes nouvelles à mes correspondants.

Au petit village, j’aperçois un restaurant qui semble bien sympathique. J’aimerais prendre le temps d’écrire et dessiner dans mon journal. De plus, j’ai envie d’un bon thé indien. Souvent, lorsque je fais des dessins, les gens s’arrêtent pour m’observer. C’est une belle façon d’entrer en contact avec eux. Or, après une heure de dessin, une dame et son fils viennent me saluer. Ils sont FRANÇAIS ! Wow ! Ils sont là depuis déjà deux mois et ils adorent cette place, puisqu’il ne s’agit pas de leur première visite. À les entendre, je me dis WOW ! Je suis vraiment arrivée à un endroit rêvé ! La connexion avec Magali et Maru s’établit rapidement. Ils me racontent toutes leurs péripéties. Cette dame est courageuse. À la maison, elle enseigne à son fils, en plus de le faire voyager. Quelle chance il a, ce Maru ! Il semble épanoui et serein. C’est vraiment un autre mode de vie pour un enfant, mais pourquoi pas ?

Je prends le temps de me familiariser avec le petit village, afin de me préparer à des rencontres inattendues…

Bulle d’inspiration !

Je prends conscience que, pour moi, passer du sud de l’Inde en direction du Nord représentait un objectif de taille et je ne savais pas si j’allais y arriver.

Il m’a fallu vivre huit étapes pour arriver à ma destination. Chacune des étapes me rapprochait de l’atteinte
de mon objectif.

1) Une auto 2) Un train 3) Un rickshaw 4) Un avion 5) Un taxi 6) Un autobus 7) Une jeep
8) Une petite marche de 15 minutes

C’est une clé majeure pour la concrétisation d’un grand projet ! Si je décortique mon projet en étapes, une bouchée à la fois, 
tout devient possible!

« Un pas n’est rien devant une course, mais c’est pas à pas qu’on termine la course. » ‒ Jules-Jun

 

Et voilà, suite dans mon livre « l’Inde, mon intuition et moi ! »

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Désolée de vous couper ça ici ! Sinon, je serais capable de vous présenter l’intégrale de mon livre. Hi ! Hi ! ?

Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez vous le procurer en librairie ou encore le commander directement via mon site Internet.

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