Holà ! Holà !
Il faut absolument que je vous raconte mon arrivée en Angleterre, au moment de passer la frontière. Comme à l’habitude, je présente mon passeport et tout va bien jusqu’à ce que l’homme en face de moi commence à me poser mille et une questions. Il trouve ça bizarre que je vienne en Angleterre pour un mois, un mois et demi, visiter un programmeur à qui je n’ai parlé que via Skype, dans le but de travailler sur mon site Internet. Donc, il me bombarde de questions et je commence à trembler intérieurement. Il le perçoit, c’est évident. C’est fou la sensation que je ressens : c’est comme si j’avais fait quelque chose de mal quand je n’ai absolument rien à me reprocher !
C’est frustrant de voir tout le monde qui passe rapidement, mais moi, je reste coincée. Pendant ce temps, le bourreau continue son interrogatoire : « Combien as-tu dans ton compte ? Pourquoi voyager seule ? Quel est ton véritable emploi ? Dans ton site Internet, tu parles de quoi ? Tu y vends quoi ? Comment as-tu rencontré Cédric et Angélique ? Quel est leur nom de famille ? Leur numéro de téléphone ? Leur adresse ? Que feras-tu après ton séjour en Angleterre ? Pourquoi venir ici ? Visiteras-tu d’autres endroits en Angleterre ? Pourquoi n’as-tu pas de billet de retour pour le Canada ? Quand prévois-tu rentrer chez vous ? »
Aïe ! Aïe ! Aïe ! C’est intense ! J’essaie de garder mon calme, mais j’ai l’impression que plus l’interrogation avance, plus je bégaie et bafouille. Sincèrement, tout pour aider ma cause !
Il s’empare alors de mes passeports et disparaît dans une autre pièce. À son retour, d’un air bête, il me demande de m’asseoir sur le petit banc, juste à gauche. Je vois les autres, avec qui j’ai voyagé dans le bus, passer la frontière sans peine. Personne ne semble subir le même interrogatoire que moi.
Et comme si ce n’est pas assez, mon conducteur d’autobus se tient debout, de l’autre côté de la barrière, et me regarde d’un drôle d’air. Il doit bien se demander « Mais qu’est-ce qu’elle a bien pu faire, cette fille au chapeau rouge et au sac à dos rose ? » Ha, la, la ! Je ne me sens pas grosse dans mes culottes, croyez-moi !
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je déteste faire attendre les gens. Or, imaginez-vous donc que pendant au moins quinze minutes, j’ai fait attendre tous les passagers de l’autobus ! La honte totale !
Pendant que je ressens la honte intérieurement, toutes mes cellules se mettent à trembler. Le monsieur revient avec mon passeport et me demande « Où sont tes bagages ? Allons les chercher, car tu devras rester ici pendant un petit bout. » Ah, non ! Ce n’est pas vrai ! Moi qui meurs d’envie d’arriver à destination et de rencontrer Cédric, Angélique et les cinq enfants. Heureusement que j’ai encore mon téléphone; j’ai encore accès à Internet ! Donc, j’avise Cédric immédiatement que je suis retenue aux douanes.
L’homme vient avec moi à l’autobus. Je monte chercher le sac qui est resté à l’intérieur. En plus, mon banc se situe au fond. Je fais donc la file pour récupérer mon bien. Oh, que je suis gênée ! J’ai l’impression que tout le monde se demande « Mais pourquoi est-elle prise ici ? Qu’a-t-elle fait, la fille au chapeau rouge ? » Ayoye ! Les aventures de la Globetrotteuse commencent !
Je redescends de l’autobus, prends mon sac à dos rose qui se trouve dans la soute à bagages et suis l’homme des douanes. Il m’invite à entrer dans une autre salle, pour entreprendre une seconde série de questions.
Il m’avise que son collègue de travail arrivera dans environ 45 minutes pour prendre la relève. Je dois donc attendre seule, dans ce petit local, après être passée entre les mains de cette femme qui se permet de vérifier que je ne transporte pas d’arme, ni quoi que ce soit de dangereux. Ensuite, je dois laisser tous mes bagages et la suivre dans la petite salle d’attente, où se trouvent des magazines pêle-mêle, des oreillers, des couvertures, un petit panier avec des fruits, des chips et des bonbons. Soudain, PAF ! J’entends la porte se refermer derrière moi et ensuite, le bruit de la CLÉ qui tourne dans la serrure. À double tour, s’il vous plaît ! Ma foi, je me sens vraiment comme dans un film !
Combien de temps encore y resterai-je ? Vais-je pouvoir traverser ?
Une certaine partie de moi commence à s’énerver, même si je réalise que ça ne change rien.
Pas vrai ?
C’est alors que je repense à mes techniques de méditation VIPASANA. J’essaie de simplement devenir observatrice de ce qui se passe et non de vivre, voire subir cette intense émotion.
Je me mets à respirer doucement. Je ferme les yeux et observe les micromouvements à l’intérieur de moi.
Dès que mes pensées veulent s’agiter, je les calme. Ensuite, je réfléchis : « Quelle est la PIRE chose qui pourrait m’arriver en ce moment ? » Le pire qui puisse se produire, c’est que je ne traverse pas vers l’Angleterre. Cependant, depuis le temps que je porte ce rêve, une partie de moi refuse de croire en cette éventualité. Je suis tout simplement en train de vivre une expérience différente, et ce soir, je retrouverai cette famille. Voilà !
En bout de ligne, je dois attendre dans cette pièce froide environ une heure trente minutes. Je prends vraiment le temps de méditer. En fait, il y a longtemps que je ne l’ai pas fait avec autant d’intensité, mais puisque je n’ai pas accès à mon ordi pour écrire, ni à mon cellulaire pour regarder les nouvelles sur Facebook, ni à mon livre de lecture, ni à mon livre à dessins, que puis-je faire d’autre ? Je suis là, seule dans cette pièce, à l’autre bout du monde. Étrangement, après avoir passé un long moment dans le silence et la respiration, je commence à aimer ce petit moment exotique, gracieuseté des douanes. Comme quoi nous avons toujours le choix entre paniquer ou simplement respirer.
Voilà que j’entends l’homme arriver. Il discute en anglais avec la dame du bureau. Et tout à coup, un bruit de serrure provenant de la porte derrière moi : « clic ! » Le monsieur me demande de le suivre dans une autre pièce. Il parle anglais avec un accent prononcé, mais je peux voir dans ses yeux qu’il semble beaucoup plus sympathique que l’autre.
Donc, j’arrive dans la pièce où un autre agent se trouve, et c’est reparti pour une « fiesta » de questions. Je crois qu’au total, on m’en a servi plus de quarante-cinq ! En plus, pour chacune, le policier prend le temps d’écrire la question et ma réponse. Il n’est pas vite vite sur le crayon, mais par contre, il possède une belle main d’écriture. Hi ! Hi ! Dans ce petit cubicule, nous pourrions entendre une mouche voler. Heureusement, j’aime bien l’énergie de ce jeune policier. L’autre, comparé à lui, émettait… comment dire, des vibrations particulières, mais bon ! Tout est parfait !
Je réponds donc à toutes les questions, puis leur montre l’état de mon compte bancaire pour les rassurer : je ne viens pas ici pour travailler ! Je fais l’aller-retour deux, trois fois dans la fameuse petite pièce. Plus les heures avancent, plus il fait froid. Heureusement, il y a des couvertures. Je peux m’emmitoufler dans l’une d’elles. La dame vient me voir pour m’offrir un thé chaud, que j’accepte volontiers.
Après plusieurs heures, je me pose la question : « Vais-je enfin passer les douanes ou devoir coucher ici ? »
Dans tout le processus, je réussis à rester calme; je m’impressionne moi-même.
Pendant que je médite, emmitouflée dans ma doudou en sirotant ma tisane, j’entends pour la cinquième fois ce fameux « clic ». L’homme vient me faire part d’une grande nouvelle.
Je le regarde en espérant seulement qu’il m’annonce que je peux entrer au pays.
Allez ! SVP ! SVP !
Et hop, j’entends: “We decided that you were welcomed in England.”
Je veux sauter de joie et lui donner un bec en plein front. Cependant, je me garde une petite gêne.
Il me reste une étape à franchir, celle des empreintes digitales. Aléop ! La main droite, la main gauche, chaque doigt de la main gauche, tour à tour, puis idem pour ceux de l’autre main.
« What an experience ! »
Ensuite, je prends le bateau pour Dover. Je « peux-ti » vous dire que je suis contente de monter sur ce bateau ! Je m’étends sur un beau grand divan et termine le livre « La jeune millionnaire en affaires ».
Cette soirée-là, sur la mer se dresse une GRANDE TEMPÊTE ! Donc, parfois, j’ai l’impression d’être dans un manège de cirque. Heureusement, je n’ai pas le mal de mer.
Une heure tard plus tard, j’arrive à destination !
Je me sens comme une petite gamine ! En plus, je m’apprête à vivre un moment que j’attends depuis si longtemps : rencontrer Cédric, Angélique et les enfants. Imaginez ! Depuis deux ans, je construis avec Cédric, en plus d’une relation d’amitié, mon site Internet, mes projets et autres, et je ne l’ai jamais vu en VRAI de VRAI ! 😉
Quand je l’ai aperçu, mon cœur s’est instantanément rempli de joie !
Nous avons marché pendant une quinzaine de minutes. Tranquillement, j’ai découvert Douvres sous le son des vagues et la noirceur de la nuit. J’avais déjà un grand coup de cœur pour la MER. Sentir l’air salin et entendre les vagues qui éclaboussent, c’est du pur bonheur ! Sans contredit, dès mon arrivée, je repère l’endroit où je viendrai marcher chaque jour pour me recueillir.
Une fois arrivés à la maison, cinq adorables enfants attendaient avec impatience ! J’ai tout de suite ressenti une grande vague d’amour !
Je suis heureuse de savoir que je vais passer Noël avec eux ! J’ai fait mes deux premiers dodos sur le divan de cette maison. Pour la suite, Cédric a déniché pour moi un lit douillet dans un petit appartement, situé juste au-dessus d’un restaurant. C’est le bonheur total; je suis à une minute trente-deux secondes de chez lui et j’ai mon petit chez-moi.
Une chambre avec deux lits, une fenêtre, pas de rideaux, pas de déco, mais TELLEMENT PARFAITE ! Je n’ai pas besoin de plus ! Je me sens comblée et millionnaire !
Que la vie est belle !
Pour la suite de ma première semaine à Douvres, c’est par ici :
Bulle d’inspiration
Je prends conscience que peu importe la situation qui arrive autour de moi, c’est à moi seule que revient le pouvoir d’en faire ce que je veux. Peu importe où je me trouve sur la planète, je peux me recueillir tout au fond de moi en respirant calmement pour renouer avec un état de bien-être, même si ça semble le chaos à l’extérieur.
Je peux paniquer avant le temps ou simplement vivre une étape à la fois.
Heureuse de voir que l’histoire se termine bien et que tu as pu enfin rencontrer Cédric et sa famille. Je sens que ton prochain livre va être de nouveau rempli de plusieurs péripéties! Si tu continues comme ça, tu n’auras pas de difficulté à écrire tes 60 blogues d’ici le mois de janvier!
Allez, amuse-toi à fond en Angleterre et un beau bonjour à Cédric et famille de ma part!
Merci tellement Nathalie ! Eh oui ! Je fais le beau message à Cédric !
Je m’amuse comme une petite “folle” et si ça continue comme ça je ne vais pas pondre un livre, mais bien quatre ! Ha ! Ha ! 🙂
À tout bientôt !
Gros câlin mon amie !
Eh bien quelle histoire ! A mon avis le douanier t’a tellement trouvé jolie avec ton beau chapeau rouge qu’il a voulu te garder près de lui un petit moment ! 😉 🙂
Hi Hi ! Tellement trop drôle ! Fais attention si tu viens me rejoindre. Peut-être que tu passeras une série de question toi aussi 🙂 🙂 🙂