Holà ! Aujourd’hui, un irrésistible élan me pousse à vous parler d’une histoire rocambolesque que j’ai vécue en Inde, lors de mon voyage. En fait, je partage ici un extrait de mon livre « L’Inde, mon intuition et moi ».
Eh oui, je suis comme ça, moi ! J’en ressens l’envie, donc, aléop ! Quel beau petit voyage dans ce pays ! Il m’a prouvé une fois de plus que la vie nous accompagne toujours lorsque nous sommes dans le mouvement et que nous voulons partir du point A pour atteindre le point B.
Je vous souhaite bon voyage, au fil de cet échantillon de mon premier grand périple seule avec mon sac à dos, afin de découvrir le monde.
Départ de Tiruvanamalai
Toc ! Toc ! ‒ Janic, c’est l’heure de ton départ, si tu ne veux pas manquer ton autobus !
Je me réveille en sursaut, le corps bien droit au centre du lit. C’est le grand jour : je vais enfin rejoindre VIPASSANA! Cette fois, je voyagerai au cœur de moi ! (dix heures de méditation par jour, pendant dix jours)
C’est drôle, je suis tellement habituée de parler anglais avec Carly que je lance à Surya : « Yes ! Yes ! I’m coming ! I’m coming ! » C’est fou à quel point nous nous adaptons rapidement, parfois ! J’ouvre donc la porte à Surya, mon sympathique réveille-matin. Décidément, il est plus agréable de se faire réveiller par un ami plutôt que par le puissant « COUIN ! COUIN ! » d’un réveille-matin ! Je m’en remettais tellement à la présence de Surya qu’au moment de son arrivée, je dormais encore à poings fermés.
Curieusement, j’éprouve un mélange de nostalgie et de joie. Je me vois quitter ce lieu et en même temps m’envoler vers une nouvelle destination. En plus, cette fois, je suis seule, parce que Carly a pris la route quelques jours plus tôt pour visiter le Kerala. J’estime que voyager en solo se veut une belle opportunité, un autre battement d’aile vers l’autonomie. Au départ, j’étais avec un groupe de personnes pour prendre l’avion du Québec vers l’Inde. Nous avons voyagé trois semaines ensemble. Ensuite, le groupe est parti et je suis restée à Auroville. J’ai quitté la maison aux quatre chiens pour me rendre à la ferme Solitude. Ensuite, j’ai réalisé un premier saut avec Carly jusqu’ici. Présentement, eh bien, c’est le moment de m’aventurer un peu seule. Ce qui me rassure toutefois, c’est que je sais qu’elle m’attendra là-bas, au centre de méditation Vipassana.
Cependant, je n’ai aucune idée du périple qui m’attend ! Oh là, là ! Attendez de voir ça !
Je regarde la chambre une dernière fois, tout en me remémorant ce beau passage ici, à Tiruvanamalai : la montagne, la marche sacrée, les chants le soir, Fayaze, mes dessins…
Allez ! Le petit rickshaw m’attend ! C’est le temps de dire officiellement au revoir. Il est un peu plus de 4 heures et il fait noir. Ça sent l’Inde. Je demande au conducteur de me conduire à la station d’autobus. J’enlace Surya en le remerciant et lui souhaite une belle continuation de voyage.
La course dure environ 20 minutes. Pendant ce temps, j’observe la vie, le paysage. Je me sens un peu petite, mais je sais qu’une force intérieure m’accompagne jusqu’à la prochaine destination.
Deux heures d’autobus me séparent de la GRANDE gare, dernière escale avant de me rendre directement au centre VIPASSANA. J’adore voyager, j’adore les autobus, j’adore tout ce temps qui m’amène dans une forme de transition. Ça me permet de faire le bilan sur ce qui vient d’arriver ou encore d’imaginer tout ce qui m’attend. J’ai toujours adoré les grands vols d’avion pour la même raison. Quatre heures de vol, c’est trop rapide pour moi. Pourtant, je suis une fille qui avance à 200 milles à l’heure, mais les voyages, je les savoure davantage comme espaces de transition.
À ma grande surprise, lorsque j’arrive à la gare centrale, je vois des gens partout. Surtout des hommes, des Indiens. Mais où sont les voyageurs ? On dirait que je suis la seule de race blanche, ici. Je ne vois pas d’autres touristes; ça m’angoisse un peu. Ça va vite ! Les gens semblent savoir où se trouve leur prochaine destination. J’observe le décor, fait de carton, dépareillé, avec un fond de musique indienne. Je me sens tout à coup vraiment loin. À ce moment, je voudrais m’effondrer dans la foule et crier « Maman ! Maman ! » Je ressens exactement ce qu’un enfant expérimente quand il se trouve au centre commercial pendant la période de Noël et qu’il ne croise plus sa mère du regard. Elle est si proche et loin à la fois ! Donc, un état de panique se fait sentir dans mon cœur de jeune fille de 20 ans. Comme si subitement, je n’avais que deux ans ! Devant moi, un téléphone. Je me demande quelle heure il est au Canada. Je veux parler à ma maman ! Je veux pleurer ! Je veux revenir au Canada ! Je suis perdue ! Mon cœur se met à battre la chamade. Tout à coup, il me vient à l’esprit que je puisse être vraiment égarée.
Assez ! Je me ressaisis et prends une bonne respiration. Ah, oui ! Ça m’aide souvent, lorsque je suis en état de panique. Cette solution est à ma portée et je peux l’utiliser à volonté. Pourtant, c’est fou comme je peux l’oublier !
Bon, respire, expire, respire, expire…
Je prends le temps de me recentrer pendant que la foule se déplace autour de moi. Première chose à faire : demander de l’aide au bureau d’information. Eh, oui ! C’est simple, Janic ! Je m’y rends donc et fais la demande pour le « direct bus », à destination de Dhamma Ketana. L’homme me regarde un peu perplexe et me dit, en anglais :
‒ Ma chère petite fille, l’autobus que tu désires prendre pour aller directement à Dhamma Ketana sera ici seulement ce soir, vers 20 heures. Il voyage de nuit.
‒ Quoi? Mais monsieur, je dois vraiment partir. Je dois être à VIPASSANA à 17 heures.
‒ Désolé, mademoiselle. Je ne peux rien faire pour cet autobus. Il part vers 20 heures ce soir. Vous devrez trouver une autre solution.
‒ Non, mais monsieur, vous ne comprenez pas ! Je dois partir ! (Est-ce lui qui ne comprend pas ou bien moi ?) Je prends donc une autre bonne respiration. Ça aide, en état de panique !
D’accord, monsieur. Connaissez-vous une autre façon de me rendre à destination avant ce soir ?
‒ Oui, vous pouvez prendre trois autobus différents pour vous y rendre. Le trajet sera plus long, mais vous devriez y être d’ici ce soir.
Je ne trouve pas la solution évidente. Déjà que c’est la première fois que je me lance sur cette terre indienne vraiment seule. Mais, semble-t-il que la Vie m’accompagnera d’un autocar à l’autre.
− O.K. ! Où vais-je, monsieur ?
Il me répond d’un geste vague, en me disant « par là ! », pour passer ensuite au prochain client. Bon ! D’accord ! Par là, c’est grand, ça ! Il me semble qu’il aurait pu être plus clair, mais bon ! Je ne vais pas le déranger une autre fois. Je me dirige donc vers le « par là » en question… De toute façon, il doit y avoir 20 autobus, cordés en parallèle. Un de ceux-là me mènera sûrement à destination.
J’aborde le premier conducteur et lui demande s’il peut m’aider à trouver le bon véhicule. Il me suggère de monter avec lui pour ensuite prendre un autre autobus pour telle direction, puis changer pour un troisième autocar afin d’arriver tout près de ma destination.
Parfait ! Deux correspondances, ce n’est pas si mal ! Il estime que ça devrait prendre dix heures. Toutefois, dix heures en Inde signifient au moins 15 heures chez nous ! Rendue là, je ne peux que faire confiance. Je monte donc à bord. Je me trouve un peu folle de partir comme ça dans un tel voyage, mais je me rassure en me répétant que tout sera correct. Je n’ai qu’à continuer d’alimenter des pensées positives et elles m’accompagneront à bon port.
Je profite du voyage pour ouvrir mon journal. J’y fais la découverte d’un message inattendu.
Dis donc ! C’est bien touchant, ce message ! Ça m’aide à garder confiance ! Ce qui est beau, c’est que je l’ai aidé ce soir-là, semble-t-il.
Salut Janic,
Tu sais, je trouve ça drôle de t’écrire en ce moment, car on ne s’est jamais vraiment parlé ou presque. Seulement quelques phrases courtes durant le souper. Je suis probablement pour toi un parfait inconnu, mais je crois que ça n’a aucune importance. Ce soir, tu m’as fait réaliser des choses sur la vie et je tiens à t’en remercier. Merci pour ce que tu as fait ici ce soir. Merci pour tous ceux qui n’auront pas l’occasion de le dire. Merveilleux voyage à toi, tu le mérites c’est évident, alors profites-en bien. C’est ton voyage, alors fais en sorte qu’il te soit des plus agréables. Voyage sans souci et vis-le pleinement.
D’un parfait inconnu qui a foi en toi
Aujourd’hui, c’est lui qui m’aide à dissiper les derniers soucis que j’éprouvais pour continuer ce voyage vers Vipassana.
Petite pause pipi. Ah, le bonheur des toilettes indiennes ! Ça nous déstabilise un peu chaque fois, mais en même temps, puisqu’il s’agit de la vie indienne, il faut s’adapter. Sauf que, étrangement, j’imagine souvent le scénario de ma mère qui dirait : « Ah, non ! Vraiment pas pour moi, ce mode de vie ! » Je ne sais pas où j’ai pris cette aisance à m’adapter aux coutumes, peu importe où je me trouve. Les toilettes, en Inde, ça a beau sentir le « diable » et être sale comme j’ai rarement vu, je prends une bonne inspiration pour la garder. Ensuite, je reviens sans problème ! Beaucoup d’eau et un petit jet servant à désinfecter les mains et hop, le tour est joué ! J’en profite pour déguster une petite collation à la saveur piquante et retrouver mon charmant conducteur d’autobus, qui prend soin de moi. Je décèle dans son regard le désir de me voir atteindre ma destination.
Deux heures plus tard, nous arrivons à l’endroit de ma première correspondance. Mon cher conducteur me montre gentiment l’autobus que je dois maintenant emprunter. Merci, la vie ! Ouf ! Ça va bien. Un autobus à la fois, j’y arriverai. Je continue de faire confiance. J’ai environ trois heures de route à faire avec ce véhicule. J’aime observer les paysages qui défilent devant moi et voyager dans le monde de mes pensées.
Je me demande sincèrement si j’arriverai à temps, mais bon ! Je verrai bien de quelle façon la vie tricotera tout ça. Entretemps, je lis le fameux livre de Sai Baba. Je trouve intéressant de constater comment plusieurs personnes n’ayant d’entrée de jeu aucun intérêt aient pu vivre, chacune à leur façon, des formes de manifestation de sa présence.
Sai Baba voulait-il vraiment quelque chose de moi en particulier ? Peut-être, mais je ne veux pas trop m’attarder sur le sujet. En fait, je sais que présentement, je reconnais des signes de sa présence, mais je n’en désire pas plus ! Quelque part, ça me fout un peu la frousse.
À l’escale suivante, j’apprends que je dois attendre une heure avant le prochain autobus. Tout ça commence à m’irriter royalement ! Quand finirai-je par arriver ?
Dans le but de me recentrer, je me sers de mon outil de prédilection : RESPIRER !
C’est curieux comme les bonnes idées peuvent surgir quand on respire. Conséquemment, je me rends dans un café Internet pour récupérer l’adresse et le numéro de téléphone du centre VIPASSANA. Je voyage d’une manière un peu curieuse, non ? Je suis partie sans avoir avec moi les coordonnées de ma destination. Plus jamais je ne recommencerai cela de ma sainte vie, mais aujourd’hui, je l’ai fait !
Si tantôt je me questionnais à savoir où étaient les fameux voyageurs, là, je les ai trouvés. Ils se tiennent dans les endroits qui offrent Internet ! Les gens veulent communiquer les dernières nouvelles à leurs proches, dans leur pays. Je me sens un peu moins perdue. Je finis par récolter l’information que je cherche. Je veux utiliser Skype pour contacter le centre afin d’aviser les responsables que, bien que je sois en route, je ne pourrai être présente à l’heure prévue. Cependant, aucun micro n’est intégré à cet ordinateur. Bon ! Allons ailleurs ! Un autre café Internet de l’autre côté de la rue semble légèrement plus moderne. Il doit bien y avoir des micros. Peine perdue ! Toujours pas de micro ! Je demande au préposé si je peux emprunter son téléphone. Aucun problème, mais je n’arrive pas à établir la communication. Non mais, c’est compliqué ! Pourquoi est-ce si difficile ? Ma route s’arrête-t-elle ici ? Non, sûrement pas ! Quand même, que ferais-je ici, de toute façon ? L’élan de panique m’envahit encore, jusqu’au moment où je me convaincs de mettre tout en œuvre pour aller jusqu’au bout et enfin rejoindre VIPASSANA. Si je n’ai pas à y être, je demande à la vie que les gens là-bas me refusent à mon arrivée. Sinon, ils m’accueilleront au moment où je me présenterai, car de la façon dont les choses se déroulent, je n’y serai pas à l’heure. Il y a bientôt douze heures que j’ai quitté TIRUVANAMALAI ! Il me reste encore au moins quatre heures de route, sans compter que des imprévus pourraient surgir.
Finalement, rien à faire avec ce foutu téléphone ! Il ne veut pas que j’appelle. À ce moment, un garçon se rend compte de mon état de douce panique. Il vient vers moi et me tend son cellulaire :
‒ Voilà ! Tu peux prendre mon téléphone.
‒ Wow ! Sérieusement ?
‒ Oui, oui ! Aucun problème, mademoiselle! Prends mon téléphone.
‒ Merci infiniment !
Intérieurement je remercie la vie ! En tout cas, elle m’accompagne vraiment partout où je vais. Je réussis enfin à parler à quelqu’un du centre VIPASSANA. Je lui dis que j’ai quitté très tôt, mais que la route s’annonce plus longue que je ne le croyais avec tous ces changements d’autobus. À l’autre bout, mon interlocuteur me rassure : on m’accueillera, peu importe l’heure.
Bon, ça y est ! Je suis saine et sauve ! Ma prochaine destination sera vraiment VIPASSANA !
Je remercie l’ange au cellulaire en lui tendant de la monnaie, mais il n’en veut pas du tout. Je le regarde et lui communique, à travers mes yeux, l’immense gratitude présente dans mon cœur.
L’heure passe et je monte enfin à bord. La nuit commence à tomber. Nous sommes entassés comme des sardines. Je me retrouve assise avec une dame indienne qui a chaud. Elle veut garder la vitre baissée pendant que moi, j’ai froid et je n’arrive pas à me réchauffer ! Cette femme ne semble pas vraiment heureuse d’être en compagnie d’une Blanche. Je le vois à son regard. Je me tasse dans mon petit coin, m’enveloppe de tous mes foulards, fais un peu de lecture, écoute ma musique puis tombe endormie. Il est vrai que je suis fatiguée. Je me réveille un peu bouleversée car j’ai vraiment hâte d’arriver à destination. Nous y sommes. Il se fait tard, environ une heure du matin, et la station où nous nous arrêtons est encore loin de ma destination. Aucun autre autobus n’est disponible avant 6 heures. C’est, de toute évidence, un coin bien loin de tout. Oh là, là ! À nouveau, je me retrouve seule voyageuse parmi un monde d’hommes et de femmes d’une autre culture. Plusieurs chauffeurs de taxi me proposent leurs services. Je ressens un élan de panique. Cependant, je me ressaisis rapidement pour me connecter à mon cœur, mon discernement. En qui dois-je investir ma confiance ? Avec qui dois- je poursuivre ma route ? Tout à coup, parmi tous ces conducteurs, deux hommes m’inspirent confiance. Je leur demande donc :
‒ Je veux me rendre à tel endroit. C’est combien ? ‒ 3000 roupies, madame ! ‒ Quoi ? 3000 ! Non merci !
Je réussis finalement à négocier la course pour 2000 roupies. Un petit jeu indien. Je dois avouer que je n’apprécie pas vraiment marchander, mais je m’y applique et obtiens de plus en plus de succès. Doucement, mais sûrement. Je les accompagne donc. Ils parlent entre eux, dans leur langue, et je ne comprends rien. L’espace d’un instant, je me connecte à mes parents et je me dis « Ouf ! Par chance que ma mère ne voit pas où je suis présentement ! » Sa fille de 20 ans, à une heure du matin, assise avec deux Indiens qui la mènent à sa destination. Enfin, je l’espère. Ils m’inspirent toutefois confiance. D’ailleurs, l’homme côté passager remarque que j’ai froid et il me tend sa veste. Trois heures durant, nous parcourons des courbes et des bosses. Des émotions à n’en plus finir! Vraiment, la route idéale pour stimuler un intestin ! Non, mais sérieux ! J’ai déjà vu mieux, comme route. Pour ceux qui viennent de ma région, je dirais que ce sont les croches de Val-d’Amour pendant trois longues heures, mais en plus bossu, comme trajet ! Pour les autres, imaginez-vous sur une route de plusieurs kilomètres avec d’innombrables courbes !
Finirai-je par arriver au centre Vipassana ?
Et voilà, suite dans mon livre « l’Inde, mon intuition et moi ! »
Désolée de vous couper ça ici ! Sinon, je serais capable de vous présenter l’intégrale de mon livre. Hi ! Hi ! 😉
Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez vous le procurer en librairie ou encore le commander directement via mon site Internet.